Roxane Perrault-Fournier (Mavence) : assumer le lobbying, professionnaliser l’influence

Roxane Perrault-Fournier défend un lobbying transparent et utile : éclairer les décisions publiques, sans clichés.

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September 22, 2025
Roxane Perrault-Fournier (Mavence) : assumer le lobbying, professionnaliser l’influence

Le lobbying reste un mot qui dérange. Souvent caricaturé, parfois diabolisé, il est pourtant au cœur de la fabrique de la loi et de la prise de décision publique.
Dans cet épisode d’Hémicycle, nous avons reçu Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée de Mavence France.
Ancienne collaboratrice parlementaire, lobbyiste dans le sport, l’énergie et l’industrie, elle recrute aujourd’hui les talents qui font l’influence publique.

Un parcours classique… avant de devenir chasseuse de têtes

Comme beaucoup de sa génération, Roxane a commencé par le droit et la politique. D’abord au Sénat, puis à Bruxelles, elle découvre progressivement le métier de lobbyiste – rarement nommé comme tel à l’époque.
Après plusieurs années passées à défendre des intérêts sectoriels (sport, énergie, industrie), elle prend une nouvelle direction : accompagner les organisations dans le recrutement de leurs responsables affaires publiques.
Un virage qui lui permet aujourd’hui de « chasser les lobbyistes », et surtout de démocratiser et professionnaliser ce métier.

Pourquoi les affaires publiques sont indispensables

Pour Roxane, les affaires publiques ne sont pas un luxe, mais une nécessité pour toute organisation :

  • anticiper normes et réglementations,
  • alerter en interne sur les contraintes et opportunités,
  • expliquer aux pouvoirs publics les conséquences concrètes de leurs décisions.

Le rôle d’un représentant d’intérêt ? Permettre une décision en connaissance de cause.
Une mission qui dépasse largement le cliché du carnet d’adresses : « Le réseau peut ouvrir une porte, mais il ne convaincra jamais. »

De nouveaux profils émergent

Le métier se transforme. Roxane identifie trois grandes évolutions :

  • les responsables des relations avec les parties prenantes, capables de naviguer entre pouvoirs publics et société civile,
  • les responsables des affaires territoriales, ancrés localement et proches du développement économique,
  • les Chief Geopolitical Officers (CGO), pour gérer les enjeux d’influence à l’échelle internationale.

Une diversification qui reflète l’élargissement du lobbying : il ne s’agit plus seulement de fréquenter les couloirs du Parlement, mais de dialoguer avec l’ensemble des acteurs influents.

Pas de « mauvais lobbying », mais de mauvaises pratiques

À ceux qui posent la question des « lignes rouges » – tabac, pesticides, industries sensibles – Roxane répond sans détour :

« Chaque secteur mérite d’être défendu. Le rôle du lobbyiste n’est pas de dire “fumer c’est bien”, mais d’anticiper les conséquences des décisions publiques et de proposer des alternatives crédibles. »

Ce qui compte, selon elle, ce n’est pas le secteur mais la manière de pratiquer le lobbying : transparence, éthique et anticipation doivent guider l’action.

Restaurer la confiance par la transparence et la formation

Le métier souffre encore d’une mauvaise image. Pour Roxane, deux leviers peuvent changer la donne :

  • la transparence, déjà encouragée par la HATVP,
  • la formation, qui se développe avec des masters spécialisés (santé, défense, énergie), permettant aux jeunes professionnels d’arriver avec une véritable « boîte à outils ».

Car les affaires publiques recrutent. Les postes se multiplient dans les entreprises, les fédérations et les associations. « Tant que tout le monde n’aura pas son représentant d’intérêt, je continuerai à prendre mon bâton de pèlerin », dit-elle en souriant.

Conclusion : un métier au service de la décision éclairée

À travers son parcours et son regard, Roxane Perrault-Fournier rappelle une évidence : le lobbying n’est pas une dérive de la démocratie, mais un outil de son fonctionnement.
Ce qui compte, c’est de représenter les intérêts avec méthode, éthique et pédagogie, pour que chaque décision publique soit prise en connaissance de cause.

Un échange sans détour, qui contribue à restaurer la clarté et la légitimité d’un métier essentiel.