La vraie transformation politique se joue aussi en local. Thibaut Astier plaide pour une action publique décentralisée.
Dans un moment où la centralisation de l’action publique semble s’accélérer, certains acteurs locaux rappellent, avec conviction, que c’est aussi sur le terrain que se joue la transformation politique. C’est le cas de Thibaut Astier, directeur de cabinet et de la communication à la ville d’Écully, ancien collaborateur au Parlement européen, enseignant à l’EM Lyon et à HEIP.
Dans le dernier épisode de notre podcast Hémicycle, Thibaut revient sur son parcours, et nous livre une vision claire de la fabrique de la décision publique locale, du rôle de l’élu municipal à la communication institutionnelle, en passant par les enjeux de décentralisation.
Thibaut Astier a connu différents niveaux de pouvoir : collaborateur au Parlement européen, secrétaire général d’un groupe à la région, élu municipal, puis directeur de cabinet. Un fil rouge traverse ces expériences : la passion pour la chose publique.
Son parcours illustre la richesse des passerelles entre institutions, et l'importance de comprendre les différents rouages pour mieux servir l’intérêt général. « Je n’ai jamais aimé que d’autres décident à ma place », résume-t-il, évoquant une curiosité précoce pour les mécanismes de décision.
Élu municipal pendant six ans à Sainte-Foy-lès-Lyon, Thibaut insiste sur la proximité comme levier d’impact : « Sur un mandat local, on prend des décisions micro… mais sur lesquelles on a toutes prises. »
À l’inverse des décisions nationales, souvent perçues comme déconnectées, l’échelon communal permet une action directe, visible, et bien souvent plus utile qu’on ne le croit. Loin du folklore, la mairie est devenue, selon lui, un lieu d’innovation, de résilience et de rattrapage face aux carences de l’État.
Sécurité, santé, transition écologique : les collectivités endossent de plus en plus des missions qui ne relèvent pas de leur compétence initiale. Exemple frappant : la création d’un centre de vaccination en 48h pendant le Covid. Un projet monté avec des partenaires privés, financé en grande partie sur le budget municipal.
Autre sujet : la sécurité. En quatre ans, la ville d’Écully est passée de 3 à 15 policiers municipaux, pour compenser l’absence de moyens nationaux.
Thibaut le dit sans détour : « On est en train de vivre une décentralisation silencieuse, de fait mais sans les moyens. »
Être directeur de cabinet, c’est jongler entre coordination politique, arbitrage administratif, gestion de crise, lien avec les partenaires… et anticipation des sujets sensibles.
Mais c’est aussi — et surtout — veiller à la bonne exécution du programme municipal, et à la reddition de comptes. À Écully, un tableau de suivi des engagements de campagne est tenu chaque année, pour rendre compte, devant les habitants, de ce qui a été fait ou non. Une pratique simple, mais encore trop rare.
En parallèle, Thibaut enseigne à l’EM Lyon et HEIP, avec un objectif : désacraliser le lobbying, et transmettre la réalité du terrain. Il rappelle que le lobbying, quand il est bien fait, peut être un outil de démocratie, à condition que l’élu conserve son libre arbitre et confronte les points de vue.
Quant à la gouvernance territoriale, il assume une position claire : supprimer l’échelon départemental, renforcer les intercommunalités, rationaliser le nombre de communes, tout en respectant les identités locales. Une vision pragmatique et assumée, au service d’une action publique plus lisible.
À celles et ceux qui veulent s’engager dans les affaires publiques ou travailler en mairie, Thibaut donne un double conseil :
➡ Foncez : “Il n’y a pas un matin où je me suis levé sans envie d’y aller.”
➡ Croisez les mondes : la passerelle public-privé est selon lui essentielle pour mieux comprendre, coopérer et faire société.
« Les élus locaux sont les derniers à pouvoir tenir leurs promesses. C’est pour ça qu’ils restent les plus appréciés. »
