Le lobbying citoyen et écologique : rencontre avec Jordan Allouche, fondateur d’Ecolobby
Le lobbying citoyen peut peser sur la loi. Jordan Allouche défend un plaidoyer écologique plus transparent et assumé.
Le lobbying citoyen peut peser sur la loi. Jordan Allouche défend un plaidoyer écologique plus transparent et assumé.
Dans un contexte de défiance croissante envers les lobbies industriels, certains acteurs s’engagent à faire du lobbying un levier plus transparent et plus démocratique. C’est le cas de Jordan Allouche, fondateur d’Ecolobby, un cabinet de conseil en affaires publiques dédié à la transition écologique.
Dans le dernier épisode de notre podcast Hémicycle, il nous partage sa vision d’un lobbying assumé, au service de l’intérêt général, et nous explique pourquoi il mesure la croissance de son entreprise non pas en chiffre d’affaires mais en nombre de victoires politiques.
Pour Jordan Allouche, il est essentiel de ne pas céder à la tentation de substituer le terme « plaidoyer » à celui de « lobbying ». Les deux démarches poursuivent un objectif identique : peser sur la décision publique. La différence relève plus de la perception que de la réalité.
« Si vous allez à la mairie demander à déplacer des poubelles, vous faites du lobbying », rappelle-t-il. La démarche est la même, qu’elle concerne un grand groupe industriel ou un collectif de riverains.
Cette pédagogie sémantique est au cœur de sa démarche : redonner au lobbying sa légitimité démocratique, tout en démontrant qu’il peut être exercé au service de causes environnementales et citoyennes.
Formé aux sciences politiques, Jordan débute sa carrière chez un grand cabinet de lobbying, avant de rejoindre l’Assemblée nationale comme collaborateur parlementaire. Pourtant, l’alignement entre ses valeurs et ses missions professionnelles tarde à se concrétiser.
Son premier déclic survient lorsqu’il est missionné pour accompagner McDonald’s dans sa communication institutionnelle. Il quitte alors son poste, conscient qu’il devra trouver une autre voie.
Le second déclic arrive pendant le suivi des travaux de la Convention citoyenne pour le climat. Là, il prend conscience qu’il veut consacrer son énergie à la transition écologique.
C’est ainsi qu’est né Ecolobby, lancé en 2021, au moment même où le projet de loi Climat et Résilience était examiné au Parlement.
Ecolobby revendique une taille modeste – trois personnes aujourd’hui – et n’a pas vocation à devenir un mastodonte des affaires publiques. Pour Jordan, la croissance ne se mesure pas en effectifs ni en parts de marché, mais en nombre de dossiers portés, de coalitions construites et de victoires obtenues.
Parmi ses combats récents :
Son engagement se traduit aussi par un positionnement clair : il refuse de travailler avec l’extrême droite, par conviction et par responsabilité démocratique.
Dans un contexte de « reculade » écologique, marqué par un certain détricotage des avancées législatives, Jordan estime qu’il est plus important que jamais de tenir bon.
Malgré les difficultés, il continue de croire à l’impact du lobbying citoyen : « C’est précisément quand tout semble reculer qu’il faut maintenir la digue. »
Pour contribuer à plus de transparence, Ecolobby mise sur la communication : Jordan publie régulièrement sur LinkedIn et partage les avancées de ses campagnes. L’objectif : montrer que le lobbying n’est pas réservé aux grandes entreprises et qu’il peut être un outil puissant pour défendre l’intérêt général.
À celles et ceux qui souhaitent s’engager, Jordan adresse un message clair :
« Le lobbying est consubstantiel à la démocratie. Il faut s’y investir, le questionner, et pourquoi pas le réinventer. »
Son parcours prouve qu’il est possible d’assumer pleinement le mot lobbying tout en travaillant à une société plus responsable.