David Nguyen partage son parcours entre cabinets ministériels et entreprise, et plaide pour une parole politique plus adulte.
« Ne jamais sous-estimer la puissance de la parole politique. Elle peut rassembler ou diviser. »
Dans ce nouvel épisode d’Hémicycle, j’ai eu le plaisir de recevoir David Nguyen, directeur de cabinet du directeur général de la MAIF, ancien conseiller ministériel auprès de Myriam El Khomri, Élisabeth Borne et Barbara Pompili, et ex-analyste à l’IFOP.
David partage avec nous un parcours riche d’expériences politiques, stratégiques et humaines – depuis les moments de tension des cabinets ministériels jusqu’aux nouvelles formes d’engagement au sein d’une entreprise à mission.
Dès ses débuts comme conseiller discours, David découvre la réalité du pouvoir : loin du débat rationnel idéalisé, la politique est un rapport de force, fait de tensions, de dynamiques et de choix assumés.
« C’est une école de désenchantement, mais aussi de responsabilité. »
Face aux crises – loi Travail, gilets jaunes, pandémie – il mesure le poids des mots, la difficulté du compromis, et les limites d’un État souvent sursollicité.
Passé par l’IFOP, David observe ensuite l’évolution des représentations dans la société française. Il y constate deux choses :
Engagé dans les cabinets du ministère de la Transition écologique, David fait le constat d’une asymétrie :
beaucoup d’acteurs pour alerter, peu pour négocier.
Contrairement à la question sociale, portée historiquement par les syndicats, la cause écologique peine à structurer un véritable dialogue entre société civile, entreprises et institutions.
« Une loi, c’est toujours un compromis. Le problème, c’est qu’en écologie, il n’y a pas de place pour le compromis. »
Aujourd’hui, David accompagne les décisions stratégiques de la MAIF, un assureur mutualiste historiquement engagé sur les questions sociétales et environnementales.
Il y coordonne les prises de parole, l’alignement stratégique, et les actions d’impact.
Parmi les initiatives récentes qu’il soutient :
🔸 Le dividende écologique, qui redistribue 10 % des bénéfices annuels à des projets environnementaux.
🔸 Le soutien au mouvement Impact France, un réseau d’entreprises engagées pour une économie plus responsable.
Au fil de notre échange, David partage une conviction forte : la France reste une démocratie infantilisée.
Le pouvoir est surcentralisé, la culture du compromis fragile, et les citoyennes et citoyens trop rarement considérés comme des partenaires à part entière.
« On ne peut pas diriger un pays avec l’illusion de l’omnipotence. Il faut dire ce qu’on sait. Et reconnaître ce qu’on ne sait pas. »
Il cite notamment un moment fort du premier confinement : la conférence d’Édouard Philippe où il assume publiquement les incertitudes du gouvernement. Un geste d’humilité, salué par l’opinion.
Dans un monde politique marqué par la défiance, David Nguyen plaide pour une pratique plus responsable de la parole, une prise de décision partagée, et un renforcement des médiations entre acteurs.
Son parcours nous rappelle qu’un engagement sincère peut trouver sa place aussi bien dans les institutions que dans l’entreprise, à condition de rester fidèle à ses valeurs.
« Il faut assumer la complexité du réel. Et y répondre avec des idées, pas des slogans. »
