Électrifier sans exclure avec Timothée Macé Dubois (Schneider Electric)
Électrification, circularité, justice sociale : Timothée Macé-Dubois agit à la croisée du climat, de l’industrie et du plaidoyer.
Électrification, circularité, justice sociale : Timothée Macé-Dubois agit à la croisée du climat, de l’industrie et du plaidoyer.
Dans un monde en pleine transformation énergétique, il devient urgent d’articuler expertise technique, plaidoyer public et justice sociale. Timothée Massé-Dubois, expert en affaires publiques internationales chez Schneider Electric et cofondateur de la Fédération de la Mode Circulaire, incarne cette hybridation entre stratégie industrielle et engagement climatique.
Nous avons échangé avec lui dans le cadre du podcast Hémicycle, pour comprendre son parcours, sa méthode, et ce qu’il défend concrètement dans les coulisses des COP, des institutions publiques… et des friperies.
« Faire des affaires publiques pour faire des affaires publiques, ça n’a pas de sens. »
Formé en droit et science politique, Timothée entame sa carrière dans le lobbying, mais se heurte vite à une limite : sans compréhension technique, difficile de défendre des politiques crédibles.
Il choisit alors de se spécialiser dans le secteur de l’énergie et de l’environnement, en rejoignant l’AFNOR puis ENI, avant d’atterrir chez Schneider Electric, leader mondial de la gestion de l’énergie. Aujourd’hui, il représente l’entreprise dans les grandes instances internationales et sur les sujets de durabilité, climat et électrification.
Présent aux COP28 à Dubaï, bientôt à la COP30 à Belém, Timothée clarifie une idée souvent mal comprise :
« On ne va pas aux COP pour influencer les négociations climatiques. On y va pour montrer ce qui marche. »
Ce que Schneider pousse :
Car, rappelle-t-il, la transition ne peut se faire sans justice sociale :
« On a tous en tête la phrase de Nicolas Hulot : la fin du monde, la fin du mois. Les deux vont ensemble. »
Mais Timothée ne se contente pas d’agir dans un grand groupe. Il a cofondé la Fédération de la Mode Circulaire, qui regroupe plus de 300 adhérents – de petites friperies à LVMH – et milite pour une mode plus responsable.
Objectif : rendre la circularité rentable, en soutenant des mesures concrètes comme la TVA circulaire ou le bonus réparation.
« La circularité, c’est l’un des rares sujets qui met tout le monde d’accord, de la gauche à la droite. »
Indépendante des aides publiques à ses débuts, la fédération fonctionne aujourd’hui grâce aux cotisations et à une petite équipe soutenue par une armée de bénévoles. Et l’approche est claire : pas de grands discours, mais des propositions prêtes à être mises en œuvre.
À travers ses deux casquettes, Timothée incarne un lobbying de solutions, ancré dans le réel, fondé sur des convictions mais sans posture idéologique.
« Si les entreprises, les gouvernements et les consommateurs agissent seuls, ça ne sert à rien. Il faut que les trois bougent en même temps. »
Et en tant qu’ancien étudiant en affaires publiques, il transmet aujourd’hui ce message aux nouvelles générations :
« Ce que j’aurais aimé qu’on me dise en sortant d’école ? Que je ne savais rien, que j’étais expert en rien. Et qu’il fallait bosser, se spécialiser, et s’engager. »
Cet échange avec Timothée Massé-Dubois montre que la transition écologique ne se joue pas uniquement dans les lois ou les grandes conférences, mais aussi dans la capacité des entreprises et des citoyens à créer des coalitions concrètes et crédibles.
De la gestion technique des bâtiments publics à l’économie circulaire du textile, en passant par les alliances internationales pour la durabilité, le changement passe par une compréhension fine des leviers économiques, humains et politiques.
Et surtout, par une volonté de faire sans attendre que les autres bougent d’abord.