Commande publique, retards de paiement, transition : les combats de Nicolas Delcourt (FRTP)
La fédération, levier d'influence locale et rempart contre les retards de paiement : le combat de Nicolas Delcourt (FRTP).
La fédération, levier d'influence locale et rempart contre les retards de paiement : le combat de Nicolas Delcourt (FRTP).
Dans les coulisses de la commande publique, une voix collective s’élève pour défendre les intérêts d’un secteur souvent oublié : les travaux publics. Cette voix, c’est celle de Nicolas Delcourt, délégué général de la Fédération Régionale des Travaux Publics (FRTP) des Hauts-de-France. Invité du podcast Hémicycle, il partage son engagement auprès de 700 entreprises régionales, son combat contre les retards de paiement, et son rôle dans la préparation des grands projets d’infrastructures qui vont transformer la région.
« Une fédération, c’est porter la voix collective, là où une entreprise seule ne peut pas agir », résume Nicolas Delcourt. Face à des donneurs d’ordres publics – communes, départements, État – qui représentent 70 % de l’activité du secteur, les entreprises doivent souvent faire profil bas. La fédération agit alors comme un bouclier, capable de dénoncer les abus sans mettre en péril ses adhérents.
L’exemple le plus marquant ? La liste noire des collectivités qui ne respectent pas les délais de paiement. Grâce à une enquête indépendante et à un name & shame assumé, la FRTP a fait bouger les lignes : la dette des impayés a été divisée par deux en un an, et les collectivités ont enfin pris conscience de leur responsabilité.
Le secteur des travaux publics est sur le point de connaître un boom sans précédent dans les Hauts-de-France :
Ces projets totalisent 24 milliards d’euros sur 10 à 15 ans. « À part le Grand Paris, aucune autre région n’a autant de projets », note Nicolas. Le défi ? Recruter la main-d’œuvre nécessaire pour y répondre.
Avec le GEIQ Pro TP, la fédération facilite l’insertion de publics éloignés de l’emploi : réfugiés, personnes peu qualifiées, décrocheurs scolaires… Ce système de mise à disposition + formation permet de répondre à la pénurie de talents tout en redonnant leur chance à des profils atypiques.
Nicolas plaide aussi pour une réforme du droit du travail des moins de 18 ans : « Aujourd’hui, il y a des jeunes qui décrochent à 16 ans, mais les entreprises ne peuvent pas les embaucher facilement. C’est une perte de chance énorme. »
Contrairement aux idées reçues, les travaux publics peuvent être acteurs de la transition écologique. Routes plus durables, réseaux plus intelligents, chantiers moins polluants… « Aujourd’hui, les entreprises doivent intégrer des exigences environnementales, mais aussi les transformer en levier d’attractivité », insiste Nicolas.
La FRTP organise d’ailleurs un salon de la transition écologique dans les TP, prévu à Dunkerque en novembre 2025, pour valoriser ces initiatives et renforcer la dimension RSE du secteur.
Si la FRTP n’écrit pas la loi, elle fait remonter les sujets du terrain à la fédération nationale : délais de paiement, insertion, réforme de l’apprentissage, acceptabilité des grands projets… En ce sens, elle participe à sa manière à la fabrique de la loi.
Et parfois, ça passe par la confrontation constructive, comme dans les négociations autour des quotas d’insertion sur le chantier du Canal Seine-Nord. « Le maître d’ouvrage voulait 10 %, les entreprises 5. On a trouvé un compromis à 7. C’est aussi ça, notre rôle. »
Après une carrière dans le journalisme, Nicolas Delcourt reconnaît avoir appris avec le temps les vertus de la patience et de la diplomatie. À celles et ceux qui voudraient s’engager dans la représentation patronale, il conseille :
« Faites vos armes sur le terrain, comprenez les entreprises, et soyez prêts à porter des combats collectifs, parfois invisibles, mais toujours essentiels. »