Antoine Portelli (Sénat – Les Indépendants) : « La politique est un métier de conviction »

La politique est un métier de conviction. Antoine Portelli raconte les coulisses de la vie parlementaire au Sénat.

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November 4, 2025
Antoine Portelli (Sénat – Les Indépendants) : « La politique est un métier de conviction »

Dans cet épisode d’Hémicycle, nous recevons Antoine Portelli, conseiller technique du groupe Les Indépendants – République et Territoires au Sénat et collaborateur du sénateur Emmanuel Capus.
Ancien directeur de mission au MEDEF et enseignant à Paris II, il a travaillé des deux côtés de la fabrique de la loi – dans les fédérations, les cabinets et les assemblées.

Avec lui, nous parlons de conviction, de rigueur, de la réalité du travail parlementaire et de la manière dont les affaires publiques se professionnalisent.

De l’Assemblée au Sénat, le fil rouge de l’engagement

Antoine Portelli n’est pas né dans la politique, mais il s’y est formé sur le terrain.
D’abord stagiaire à l’Assemblée nationale, il découvre la vie parlementaire “par la petite porte”, avant de poursuivre sa carrière dans les affaires publiques, puis de revenir au Sénat.

« Les métiers des affaires publiques et de la politique sont extrêmement liés. Ce sont deux façons d’analyser et d’anticiper la décision publique. »

Après plusieurs années passées au MEDEF, où il contribue à décrypter la vie parlementaire pour les entreprises, il rejoint le Sénat, cette fois pour conseiller les élus directement.
Un retour “aux premiers amours” : la fabrique de la loi, vue de l’intérieur.

Les coulisses du travail parlementaire

Au sein du groupe Les Indépendants, Antoine accompagne une vingtaine de sénateurs sur les questions budgétaires et économiques.
Son rôle : analyser les textes, rédiger des amendements, préparer des discours et définir des lignes politiques.

« Mon quotidien est fait d’anticipation. Je dois sentir la séance publique, savoir où se trouvent les équilibres politiques, et proposer à mes sénateurs les bons positionnements au bon moment. »

Dans un groupe parlementaire restreint, la force collective tient autant à la cohérence politique qu’à la capacité d’analyse.
« Un petit groupe peut peser lourd au Sénat, dès lors qu’il sait où il veut aller et parle d’une seule voix. »

Les affaires publiques : 90 % de veille, 10 % d’influence

Avant le Sénat, Antoine Portelli a exercé dans les affaires publiques.
De cette expérience, il garde une conviction forte : l’influence ne se décrète pas, elle se prépare.

« On n’est influent que si on comprend parfaitement qui fait quoi, qui pense quoi, et quelles sont les forces en présence. C’est 90 % de veille, et 10 % d’influence. »

Une rigueur qu’il transmet aujourd’hui à ses étudiants à l’université Paris II Panthéon-Assas, où il enseigne les relations institutionnelles.
Ses cours, très pratiques, reproduisent les conditions réelles du travail parlementaire : rédaction d’amendements, notes blanches, analyse de texte.
« Les affaires publiques, ça ne s’apprend pas dans les livres. C’est un métier de terrain, de méthode et de conviction. »

Pour une loi mieux écrite, moins bavarde et plus utile

Pour Antoine Portelli, l’un des défis majeurs du travail parlementaire tient au rythme effréné de la production législative.

« On légifère trop, trop vite, souvent sous la procédure de l’urgence. Il faut reprendre le temps d’écrire la loi tranquillement, pour produire moins de normes, mais de meilleure qualité. »

Il plaide pour un renforcement des moyens des parlementaires et une meilleure évaluation économique des textes.
« Bien légiférer, c’est savoir ce qu’on vote et en anticiper les conséquences. Le Parlement doit retrouver sa capacité d’analyse. »

La politique, un métier de conviction

Au fil de son parcours, Antoine Portelli garde la même ligne directrice : l’engagement au service du bien commun.
Qu’il soit collaborateur, conseiller ou enseignant, il revendique un métier “accroché aux tripes”, fait d’écoute, de curiosité et de rigueur.

« Il faut sortir de sa zone de confort. Ce sont des métiers exigeants, mais passionnants. On se met au service d’une idée, d’une vision de l’intérêt général. »

Et face à la défiance ou à la lassitude ambiante, il rappelle une évidence souvent oubliée :
« La politique, ce n’est pas un mot sale. C’est un métier de conviction, de travail et de transmission. »