Former sans formater : l’engagement politique de Maxime Feyssac (Assas, CERSA)

Maxime forme la nouvelle génération d’acteurs politiques – lucides, et capables de comprendre la loi pour mieux la transformer.

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June 2, 2025
Former sans formater : l’engagement politique de Maxime Feyssac (Assas, CERSA)

« On n’est pas là pour dire ce qu’on pense. On est là pour parler de la res publica. »
Maxime Feyssac ne mâche pas ses mots. Enseignant vacataire à Assas, doctorant en science politique, ex-consultant en affaires publiques, il fait le choix rare de passer du terrain à la transmission. Dans ce nouvel épisode d’Hémicycle, il revient sur un parcours fait de convictions, de doutes et d’actions concrètes — pour que comprendre la politique ne reste pas réservé à une élite.

De la consultation à la transmission

Avant d’enseigner, Maxime a travaillé des deux côtés de la fabrique de la loi : comme collaborateur parlementaire, puis consultant en affaires publiques. Il y apprend à lire une carte d’influence, rédiger des notes de positionnement, préparer des rendez-vous avec les élus.

Mais très vite, il ressent le besoin d’autre chose : plus d’autonomie, plus de sens.
Pas seulement accompagner, mais transmettre. Il revient à l’université — cette fois-ci comme enseignant et chercheur.

Ce qui le motive ?
Pas le pouvoir, mais la compréhension du pouvoir.
Pas le storytelling politique, mais les mécanismes de l’influence.

La fabrique de l’autonomie

À ses étudiants, Maxime ne vend pas une idéologie. Il offre des outils. Une méthode. Une rigueur. Il croit à l’esprit critique, pas au formatage. Son mantra :

« Moi je me fous de ce que vous pensez, et vous devez vous foutre de ce que je pense. »

Mais il ne s’arrête pas là. En parallèle de ses cours, il fonde la première Clinique d’affaires publiques universitaire en France, sur le modèle des cliniques juridiques. L’idée ?
Former des étudiants par la pratique, en accompagnant gratuitement des structures à impact. Vulgariser les affaires publiques. Démocratiser l’influence.

« Le politique, c’est aussi un métier. Et ce métier, il faut l’enseigner. »

Une nouvelle génération d’influenceurs

Maxime le constate : le lobbying a changé. Plus jeune, plus outillé, plus codifié. Loin du « lobbying à papa », les professionnels d’aujourd’hui utilisent IA, veille automatisée, cartographies d’influence. Une évolution qu’il étudie dans sa thèse, centrée sur la professionnalisation des affaires publiques.

Mais surtout, il défend une vision moins opaque, plus pédagogique du lobbying :

« L’influence n’est pas forcément discrète. Elle peut être publique, assumée, transparente. »

Il milite pour que la politique redevienne un objet commun. Accessible. Partagé. Et croit profondément à l’éducation populaire appliquée à la démocratie.

À écouter : pratique, pédagogie et politique

Dans cet épisode, on parle d'enseignement, de veille stratégique, de cartographie, de rendez-vous parlementaires, de salons professionnels, mais aussi de bistrot et de débats de fond. Car Maxime n’est pas qu’un technicien de la fabrique de la loi. Il est aussi un observateur lucide d’un système qu’il connaît de l’intérieur.

« Ma mission, c’est de transmettre des armes. Intellectuelles, professionnelles, politiques. Pour que mes étudiants deviennent libres. »

Ni cynique, ni naïf, il incarne cette génération de passeurs qui veulent réconcilier rigueur académique et expérience de terrain, sans jamais céder à l’indifférence ou au fatalisme.